Fin de D3 en accéléré

29/06/2019

Bon je suis pas très sérieuse on va pas se mentir j'ai complètement oublié de mettre à jour ce site alors pour résumer :

  • Le stage de dermato :

J'ai été pour la première fois en consultation seule avec un patient le 04/10/2018 en HDJ cancéro dermato. Les internes sont en formation aujourd'hui, alors c'est à nous, pauvres externes, de voir les patients. Avant les chefs, bien sûr. Comme un vrai docteur quoi. Assise derrière le bureau sur mon fauteuil qui roule, lui devant. Comment ça va depuis la dernière fois Mr. Machin ? Je vole, j'ai des petits papillons dans le ventre, c'est génial. On m'appelle Docteur, c'est donc ça le bonheur ? Je fais mon interrogatoire, je mets à jour le dossier médical, je l'examine, je dicte au dictaphone l'examen clinique. Cet avant-goût de l'avenir me donne encore plus envie d'avancer.

  • Suture-sensei :

Garde de nuit aux urgences, je materne les D2 qui démarrent. Il faut faire une suture, ses yeux brillent d'excitation : "Je peux la faire ??!". Avec la chaude bienveillance de l'aînée, je la lui laisse de grâce, et l'accompagne à la réserve préparer son petit plateau. Il a les mains moites, les paumes collent aux gants stériles. Il attrape précautionneusement son anesthésiant, ça saigne pas mal, il est courageux. Avais-je aussi cet air vaillant le 10 septembre dernier ? Une très belle suture, joyeux baptême, Nicolas ! Comment ça je fais trop l'ancienne ?

  • Morsure pas banale

"Bonjour Docteur, je me suis fait mordre par une pute, vous croyez que je peux avoir le sida ?"      Je pense une de mes meilleures réponses à "Qu'est-ce-qui vous amène ce soir ?". Non monsieur, on voit à peine la trace des dents sur votre avant-bras, la prochaine fois modérez vos élans pour ne pas débarquer dans un tel état de panique.

  • Alzheimer le terrible

C'est encore une petite dame atteinte d'Alzheimer. Une des maladies que je déteste le plus. Ce qui ne te tue pas te rend plus fort ? Non monsieur, ce qui ne te tue pas te rend un légume. Elle me demande si elle est morte, si elle est arrivée au paradis. Je suis tellement désolée Madame, j'aimerais vraiment être un ange, mais vous êtes malheureusement encore avec nous ici-bas.

  • Le stage de néphrologie-endocrinologie pédiatrique :

Un stage somme toute intéressant, bien qu'assez lourd et qui m'a laissée épuisée car le rythme du quadrimestre était plutôt intense. En février, il y a une espèce d'épidémie de diabète qui apparaît, ce qui fait qu'on a eu toute une ribambelle de petits pioupious qui couraient partout dans le service avec 4 g/L de sucre dans le sang. L'éducation thérapeutique des parents est très longue, il faut la faire en plusieurs morceaux pour ne pas les gaver d'informations. Ce sont des hospitalisations longues, de 15 jours environ, éprouvantes pour l'enfant et les parents, qui, désemparés prennent lentement conscience que la maladie suivra leur progéniture pour toujours avec tous les inconvénients que l'on connait. Et encore, on ne leur parle pas de toutes les complications à très long terme pour ne pas les achever.

Je suis tombée, moi, le service et peut-être tout le CHU sous le charme de la petite Lilas, une ravissante petite fille avec le sourire le plus éclatant de la Terre. Elle, si heureuse, elle a apporté de la joie pendant 2 semaines, égayant la journée de quiconque croisait ses immenses yeux et son sourire plein de fossettes. Ses parents, aussi adorables que leur fille, ont été d'un courage admirable, malgré une annonce difficile qui a fait pleurer sa pauvre maman. Lilas a simplement essuyé maladroitement de sa petite main potelée la goutte d'eau ruisselant sur le visage de sa mère. Une image que tous mes co-externes et moi-même garderont gravée pour toujours dans notre mémoire. L'innocence et la bienheureuse ignorance de ce petit être aurait ému le plus terrible des psychopathes. C'est vite devenu notre préférée, nous réchauffant doucement le cœur au contact de son petit rire tintant comme des clochettes sous le contreplaqué de la salle de jeux. Si tu tombes un jour, dans des années, sur ces lignes, n'oublie jamais que tu as sûrement toujours ce pouvoir, celui de rendre un peu plus heureux toute personne qui croise ton regard. Oh, certes ça marchera moins bien que quand tu avais une petite bouille d'ange, mais tapi au fond, il faut simplement que tu y croies. Je te souhaite une bonne vie, Lilas.

  • Le signe de la fesse triste

Toujours en stage de pédiatrie, je vois ce petit pitchoun de 11 mois qui est très amaigri, trouve sa maman. Pourtant, il mange bien tout ce qu'elle donne, elle a bien diversifié la nourriture à partir de 4 mois, elle a bien suivi tous les conseils mais il ne fait que perdre du poids. Je l'examine avec l'interne, je regarde bien sa tête, ses bras, ses jambes. Il est certes maigrichon, mais ce n'est pas non plus affolant. Je hausse les épaules à destination de l'interne. Elle secoue la tête d'indignation. "UN ENFANT ÇA S'EXAMINE TOUT NU !!!" assène-t-elle exaspérée. Ah oui, oups. J'enlève précautionneusement la couche du petit, évitons les golden showers malencontreuses. Tout m'a l'air parfaitement normal. L'interne ne supporte plus le suspense, elle le soulève et le place dos à moi. "M'enfin regarde ses fesses quoi ! Tu vois pas ?". Effectivement, elles ne ressemblent pas à toutes les fesses rondes des autres bébés. Je reste muette. "Je te présente la maladie coeliaque et son fameux signe de la fesse triste."

En voilà une description sémiologique qu'elle est belle.


  • Le méningocoque

Saloperie que cette bête-là ! Me voilà de nouveau aux urgences avec mon interne préféré à prendre en charge une dame en pleine crise d'hystérie. Elle hurle la pauvre femme, elle hurle à pleins poumons des heures et des heures durant sans qu'on puisse établir le moindre contact avec elle ni qu'on trouve quoi que ce soit malgré tous les tests. Au final, le chef des urgences, à court de diagnostics, avance l'intêret d'une ponction lombaire qui, à défaut d'expliquer son état, pourrait éliminer une cause neurologique. Ce n'est pas une mince affaire, elle se débat dans tous les sens, comme si des milliers de fourmis gravissaient un par un chacun des pores de sa peau luisante de sueur de tant d'efforts. On l'attache au lit, la scène est terrible : une femme entièrement nue - puisqu'elle s'est arraché ses vêtements - attachée les quatre membres aux barrières de son lit d'hôpital. Avec le spot au-dessus, on se croirait dans un mauvais film d'horreur, à la scène de la torture, celle juste avant les hectolitres de sang. Après moult efforts, le chef parvient enfin à ponctionner le précieux liquide dans lequel baigne la moelle épinière de la malheureuse. On envoie tout ça au labo, et 30 minutes plus tard, c'est la catastrophe. Elle fait une méningite, et pas à n'importe quel germe, à un méningocoque, particulièrement agressif, surtout à son âge. Ni une, ni deux, on démarre l'amoxicilline. Le problème, c'est maintenant l'équipe médicale exposée à la bactérie. Tout le monde passe à la médecine du travail, ils sont formels, tout ceux ayant participé de près aux soins doivent prendre un traitement préventif. Me voilà donc avec 600g de Rifampicine à prendre midi et soir pendant 48h. Deux jours et des brouettes à pisser orange, croyez-moi, ça marque.

  • Et pour finir...

Mes deux autres stages de l'année, c'était médecine interne et urologie. Autant dire que dans l'un j'ai vu plus de sarcoïdoses en 11 semaines que personne dans ma vie et dans l'autre j'ai vu plus de pénis en 11 semaines qu'une... non c'est trop je m'arrête ici.


Allez les enfants, décollage direction D4 a.k.a deuxième pire année de ma vie.



Presque Docteur - Kinesine
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