La fin du parcours : Les ECN
Ça fait bizarre de se dire qu'on est au bout du chemin ingrat, bizarre de se dire qu'il est temps de refermer toutes ces pages mille fois lues, mille fois relues.
Les ECN ça n'a pas été comme j'ai imaginé, je n'étais pas aussi stressée que je l'imaginais. Plutôt sereine au final, après tout ce travail fourni. J'ai vu la panique briller dans le regard de mes congénères, seul témoin de l'enjeu visible derrière les masques. J'ai vu le soulagement chez d'autres. Même la tranquille assurance du top 100.
Je ne vais pas revenir sur les épreuves, elles ont fait couler plus d'encre qu'un stylo plume explosé sur le sol d'une cour de récréation. Oui c'était mal géré, oui c'était nul une pneumonie avec une symptomatologie d'otite, oui c'était nul le tamponnement éclaté de l'épistaxis. Tout le monde a eu la même, la chance a peut-être joué une plus grande part. C'est comme ça. Personnellement ma tablette a planté en début d'épreuve, 10 minutes de perdues, 5 membres de l'organisation groupés autour de moi. On m'a changé une fois, 2 fois de tablette. Quand finalement ça a marché, je l'ai enfin sentie, la panique profonde, viscérale. Celle qui s'accompagne de nausées incoercibles. Le goût du riz coco mangé juste avant remontant le long de ma gorge, associé à cette peur m'a rendu impossible la seule évocation de ce plat depuis ce jour. Un vrai beau PTSD. Un peu nul et fragile, mais tout de même. Cette déstabilisation majeure m'aura tout de même coûté beaucoup de places.
Et ensuite, dans les 35°C ambiants, la liberté tant attendue, tant chérie, tant rêvée. Enfin. On nous a distribué nos diplômes, on nous a félicités pour notre parcours et notre combat, nous, la promo Pangolin. Je suis fière aujourd'hui de ce que j'ai fait, de tout de ce j'ai vécu.
Et après...
Ça fait bizarre ce rien. Si bizarre et si libérateur. Si bizarre et si effrayant. On se retrouve du jour au lendemain sans occupation, avec le grand vide, la possibilité de faire ce qu'on veut. Est-ce-que j'ai encore seulement des envies ? Qu'est-ce-que je voulais faire déjà ? Combien de plans ai-je mis de côté depuis 3 ans ? J'ai eu cette phase de trou noir. Plus exactement j'ai vu tout blanc, puis tout noir, puis deux fois tout blanc. Presque perdue de n'avoir plus rien de consistant pour remplir mes journées.
Et puis doucement, notre personnalité et nos goûts reviennent progressivement, émergeant lentement des monticules de gravats faits de collèges, de fiches et de surligneurs, clignant des yeux sous la lumière du jour après tant de temps ensevelis.
Enfin, je vais pouvoir m'oublier sous le soleil.